Pour une protection des cultures raisonnée

Français
12 Avril 2016

L'augmentation des rendements est un enjeu majeur de l'agriculture aujourd'hui compte tenu de l'accroissement démographique de la planète et de la transformation des comportements alimentaires qui évoluent dans toutes les parties du globe vers le modèle occidental. La protection des cultures est par conséquent un levier majeur pour la productivité permettant une diminution importante des pertes agricoles qui au lieu d'avoisiner les 67% sans aucune protection phytosanitaire sont contenues à moins d'un tiers au niveau mondial.

Lutter contre les bioagresseurs que sont les ravageurs, maladies et mauvaises herbes est vital. Mais s'il convient de traiter, les enjeux environnementaux et sanitaires, les réglementations d'autorisation de mise sur le marché de certains produits imposent dorénavant l'art et la manière dans un contexte de transition incarné par le Plan Ecophyto 2.
La lutte chimique est en effet dans une impasse et a montré ses limites. Ses effets secondaires sont majeurs et multiples : plafonnement des rendements, développement des résistances, altération parfois des écosystèmes et de la biodiversité, impacts néfastes possibles sur la santé humaine. Les produits phytosanitaires ne peuvent plus être les seuls pivots des systèmes de production et doivent impérativement laisser place à des pratiques complémentaires voire alternatives.  L'une des pistes serait de miser sur l'amont et les phases de diagnostic et de détection des bioagresseurs pour une identification précoce des maladies et ravageurs avant l'apparition même des symptômes. En d'autres termes, il s’agit de miser sur des interventions raisonnées, c'est à dire adaptées au complexe parasitaire, ciblées et condamnant de facto les traitements systématiques.

Le diagnostic, qui consiste à confirmer la présence d'un bioagresseur qu'il faut aussi identifier car inconnu ou non reconnu à ce stade ou la détection, qui elle consiste à confirmer la présence d'un bioagresseur connu et reconnu, impliquent la mise en œuvre d'outils et de techniques, souvent complexes, sensibles et efficaces dans un contexte précis. Un large choix de techniques est offert aux exploitants. Mais peu répertorié, d'accès difficile et au fonctionnement parfois méconnu, ce panel d’outils de diagnostic et de détection est mal ou sous-utilisé.

Cinq élèves-ingénieurs de la Spécialisation Protection des Cultures de l'ENSAIA ont ainsi été mandatés dans le cadre de l'un de leurs projets de 3ème année par le GEVES, groupe d'études et de contrôle des variétés et des semences, pour élaborer une synthèse de l'ensemble des outils de diagnostic et de détection existant. Permettre aux agriculteurs de diagnostiquer et/ou d'identifier correctement et rapidement le type de bioagresseur présent dans leurs parcelles et mettre en place le bon traitement au bon moment était l'objectif finalisé de leur mission.

Les étudiants ont enquêté auprès de 89 structures de la filière agricole (chambres d'agriculture, firmes, centres de recherche, stations expérimentales, laboratoires, coopératives agricoles) pour collecter une information la plus exhaustive possible sur les outils et techniques disponibles. Après dépouillement et analyse des données recueillies, ils ont élaboré des fiches de présentation et de synthèse par grande catégorie d'outils identifiée selon un code couleur :

  • Outils d'identification visuelle
  • Outils biologiques
  • Outils sérologiques
  • Outils moléculaires
  • Outils de demain

Chaque fiche a une structuration homogène et présente :

  • Le principe de la technique
  • Les cultures et bioagresseurs concernés
  • Le protocole de prélèvement des échantillons végétaux
  • Le délai de réponse
  • La fiabilité et la performance de la méthode
  • Le coût induit
  • Les avantages et inconvénients de l'outil

17 fiches ont ainsi été réalisées. Cet important travail de collecte, d'analyse et de structuration des données recueillies est désormais en libre accès sur le site internet du Réseau Français de la Santé des Végétaux. Chaque acteur de filière végétale, qu'il soit exploitant, ingénieur, technicien, conseiller,... a accès à une boîte à outils clé en main pour une protection efficace et durable des cultures.
Le travail des étudiants a fait l'objet d'un article «  Maladies et ravageurs : diagnostiquer le plus tôt possible », paru dans le numéro d'avril 2016 de la revue "Perspectives agricoles".

Contact : Emile BENIZRI - Professeur ENSAIA - Responsable de la Spécialisation Protection des Cultures (PROTEC)

Outils de diagnostic et de détection des bioagresseurs sur toutes cultures : état des lieux et référencement national.
Par Clémence Maillot, Cloé Frican, Agathe Dutt, Noémie Darloy, Gaëtan Murard - Spécialisation PROTEC 
Responsable Emile Benizri - 2016 ENSAIA

 

 

 

 

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