La lutte contre les renouées invasives à l'honneur

Français
16 Décembre 2016

Depuis 2014, l'ENSAIA, en partenariat avec Noremat, Floraine et les amis de la Chèvre de Lorraine, mène un programme de recherche et d'études afin de lutter contre les renouées asiatiques invasives. Introduites en Europe au XIXe siècle pour leurs qualités ornementales, ces plantes envahissent désormais cours d'eau, bords de routes et dépendances sur tout le territoire français. Menaces pour la biodiversité, facteurs de vieillissement prématuré des infrastructures, elles représentent également un danger pour les usagers de la route leur cachant toute visibilité ou empêchant tout stationnement.

Hautes (jusqu'à 4m) et denses, pouvant pousser de 30 cm par jour, les renouées possédent des facultés biologiques exceptionnelles et ont la capacité de proliférer à une vitesse record en se reproduisant par multiplication sexuée (par leurs graines) et végétative (par leurs rhizomes et leurs tiges). Elles secrètent également des composés allélopathiques qui empêchent la pousse d’autres espèces ainsi que des métabolites leur permettant d'accaparer l’azote du sol au détriment des autres plantes.

Sollicitée par la Ville de Laxou puis par les Villes de Vandoeuvre-lès-Nancy et de Saint Nicolas-de-Port, confrontées à l'envahissement des renouées, l'ENSAIA  a mis  en place dans le cadre de sa Chaire Energies et Territoire un programme pédagogique (*)   et de recherche expérimentale visant à trouver, en lien avec ses partenaires, des solutions pour lutter contre les renouées asiatiques.

Plusieurs axes sont ainsi expérimentés :

  • L' Écopâturage par les Chèvres de Lorraine
    Robustes et très à l'aise sur des terrains difficiles ou peu accessibles, les Chèvres de Lorraine raffolent des feuilles de renouées qu'elles peuvent ingérer en grande quantité.  En revanche, elles  sont peu friandes des tiges qu'il convient alors de faucher manuellement et de broyer. Le pâturage répété va cependant épuiser la plante.
  • Le Bâchage en surface
    A l’issue d’une période de fauchage (2 à 4 ans), le terrain infesté est confiné sous d'epaisses bâches. L’absence de lumière et d’eau, combinée à la chaleur régnante sous la bâche, permet de venir à bout de la plante sans cependant erradiquer tout risque de dissémination.
  • La Restauration écologique
    Les  techniques de restauration écologique consistent à relancer la compétition végétale en replantant d'autres plantes capables de concurrencer puis d'affaiblir et d'érradiquer la Rénouée, comme par exemple le Framboisier, la Consoude, l'Ortie et le Cornouiller sanguin
  • La Fauche répétée... et valorisée
    Répétée toutes les 5 à 10 semaines durant la période de pousse, la fauche mécanisée épuise les réserves de la plante, qui, stressée, se met à produire de nombreuses petites tiges.
    La hauteur des massifs est ainsi réduite de moitié dès la première année et plus la plante est fauchée plus les tiges sont fines. Le broyage des tiges est cependant indispensable compte tenu du pouvoir de régération de la renouée.
    Ces fauches répétées génèrent une biomasse importante. Sa valorisation en méthanisation sur la plateforme du domaine expérimental de l'école a été testée et du biogaz est effectivement généré par le processus de méthanisation avec un taux de rendement comparable à celui du fumier (40 m3 de méthane pur par tonne de biomasse fraîche). Des tests ont également été menés sur l'épandage du digestat. Ils ont montré que la méthanisation avait pour autre avantage d'annihiler la repousse des graines et des rhizomes.
    Les bénéfices de la méthanisation sont ainsi doubles, une production d'énergie renouvelable et une barrière à la dissimination.

Ce dernier axe d'investigation est mené en partenariat avec Noremat, premier constructeur français de matériels pour l’entretien des accotements routiers et pour la valorisation de la biomasse. Cet axe du programme du programme de gestion des renouées asiatiques invasives en bord d’infrastructures lui vaut le Prix IMBP (Infrastructures pour la mobilité, biodiversité et paysage) 2016, dans la catégorie "Génie Ecologique" décerné par  l’Idrrim (Institut des Routes, des Rues et des Infrastructures pour la Mobilité)  récompense les meilleures initiatives prises en faveur de la préservation, de la restauration et de la valorisation des écosystèmes de la biodiversité et du pays.

Contacts :

Voir aussi : https://renouees2015.wordpress.com/ un site dédié faisant suite du colloque Renouées invasives-2015

* Projets Professionnels des élèves-ingénieurs de l'ENSAIA  (2014 et 2015) :

 

 

 

 

 

 

3